Ça y est, ce qui semblait inévitable depuis quelques semaines s’est finalement produit hier soir, alors que les Capitales de Québec ont été mathématiquement éliminés des séries éliminatoires de la ligue Can-Am, après une défaite de 6 à 4 aux mains des Aigles de Trois-Rivières. En 21 ans d’existence, c’est seulement la troisième fois que l’équipe en bleu-blanc-jaune se retrouve dans cette position en fin de saison. Habitués à une équipe gagnante, cette situation fait mal à tous les partisans mais surtout à tous ceux qui sont impliqués quotidiennement dans cette équipe, à commencer par le gérant Patrick Scalabrini.

Bien qu’il reste encore quelques parties à disputer d’ici le 2 septembre, on sait déjà que les Capitales connaîtront leur pire saison depuis 1999, l’année de leur fondation. Malgré ce constat, il y a tout de même beaucoup d’éléments positifs à tirer de cette saison 2019. Je me permets donc d’y aller de quelques réflexions et commentaires sur le baseball joué à Québec pendant l’été qui se termine bientôt.

Le début de la saison est atroce

Le début de saison a été très difficile et démoralisant pour tous. La météo ayant été exécrable en mai et en juin, avec du froid et beaucoup de pluie, les joueurs et les partisans ont eu de la difficulté à se mettre en marche pour le premier tiers de l’été. De plus, les trois joueurs cubains sous contrat se sont fait attendre pendant plusieurs semaines, à cause de problèmes de visa, forçant ainsi Scalabrini à jongler avec une multitude de remplaçants en attendant leur arrivée, sans compter la blessure à TJ White, qui a tenu le joueur-vedette à l’écart du jeu pendant plus d’un mois. Heureusement, il s’est bien repris en fin de saison avec plusieurs coups sûrs et de nombreux points produits.

Le résultat sur le terrain a été désastreux pendant ces premières semaines de la saison. Plusieurs erreurs mentales ont été commises par les joueurs, autant sur les sentiers qu’en défensive. Le nombre effarant de coureurs laissés sur les buts et le manque d’opportunisme a été fatal et malgré quelques bonnes sorties des lanceurs, l’offensive ne réussissait pas à marquer les points requis pour gagner. Avec une fiche de 4 victoires et 14 défaites après les trois premières semaines du calendrier, le mal était fait et le reste de la saison ne sera finalement qu’une tentative pour rattraper les victoires perdues pendant cette période.

L’arrivée des Cubains redonne espoir

Avec l’arrivée du beau temps dans la dernière partie du mois de juin, le passage de l’équipe cubaine à Québec (et donc en même temps l’arrivée des cubains dans l’équipe) et une belle série de 5 victoires à la fin du mois, les partisans ont recommencé à remplir le stade et à avoir du plaisir. Le spectacle sur le terrain était meilleur et tous les espoirs étaient permis pour le reste de l’été.

Pendant ce temps, l’équipe qu’on voit maintenant en fin de saison commençait à prendre forme. Corey Bass est venu stabiliser le poste de receveur, remplaçant principalement Shaw et Lytle. Bass, avec son sourire presqu’éternellement accroché au visage (M. Sourire #2, après TJ White, qui conserve tout de même son titre auprès des partisans!), n’a rien fracassé avec son bâton mais a été efficace en défensive et avait surtout une excellente relation avec les lanceurs qu’il dirigeait. On a aussi vu arriver en juin le grand et athlétique Jhalan Jackson, qui est venu ajouter une présence menaçante au bâton et a aussi été une belle surprise en défensive au champ droit, avec des attrapés spectaculaires, des circuits volés à l’adversaire et un bras puissant vers l’avant-champ.

Les Jeux PanAm accélèrent la ronde des joueurs

La fin du mois de juillet a aussi été difficile pour l’équipe, alors que plusieurs de ses bons joueurs ont quitté pour participer aux Jeux PanAm au Pérou pour représenter leur pays. Trois Canadiens, trois Cubains et aussi De Marte (représentant d’Israël aux qualifications olympiques) ont donc déserté l’équipe pendant quelques semaines, laissant ainsi des trous béants dans l’alignement, que Scalabrini a comblé comme il le pouvait. Au retour des Jeux, Tyson Gillies, sur lequel l’organisation comptait beaucoup, a été libéré, de même que le cubain Garcia, l’artilleur n’ayant pas livré la marchandise escomptée.

Toute cette gymnastique au niveau de l’alignement a fait que plus de 55 joueurs différents ont revêtu l’uniforme des Capitales cet été, un vrai casse-tête pour les préposés à l’équipement, l’équipe de marketing et, il faut bien le dire, le choix des joueurs à inclure dans le jeu de cartes de la saison 2019 (!). On a ainsi eu l’occasion de revoir sur le losange pendant quelques jours de vieux routiers comme Josué Peley et Jonathan Malo, venus prêter main forte à leur vieil ami Patrick.

Une mêlée générale contre Ottawa aurait pu être la bougie d’allumage

La fin du mois de juillet a aussi donné lieu à une mêlée générale contre les Champions d’Ottawa, pourtant une équipe avec laquelle le respect mutuel avait toujours été présent. Vers la fin d’une partie chaudement disputée, Salgueiro, une fougueuse recrue des Capitales, a nargué l’abri des Champions après avoir frappé un triple permettant aux Capitales de revenir dans le match. Pinto, un autre joueur impétueux d’Ottawa, n’a pas accepté de se faire narguer et a répliqué immédiatement. Les deux bancs se sont vidés à la vitesse de l’éclair et les choses ont mal tourné. Salgueiro (3 parties) et Pinto (10 parties) ont tous les deux été suspendus par la ligue pour leurs agissements lors de ce malheureux épisode.

Cet incident a cependant prouvé que l’esprit d’équipe était bon et que tous les joueurs tiraient dans la même direction. Le rythme des transferts ayant considérablement ralenti, l’équipe du mois d’août a donc été à peu près celle que Scalabrini voyait dans sa boule de cristal l’hiver dernier, à peu de choses près. Et le spectacle s’est définitivement élevé d’un cran, avec de l’intensité, des coups sûrs au moment opportun et plus d’action. L’arrivée de Jesse Hodges, spécialiste du troisième but en défensive et compétiteur féroce à chacun de ses présences sur le terrain, a aussi apporté une dose additionnelle d’énergie dans l’abri.

La fiabilité du personnel de lanceurs n’est pas assurée

Du côté des lanceurs, la saison a été faite de hauts et de bas. Arik Sikula, le meilleur lanceur de l’équipe au cours des deux dernières saisons, n’a pas connu une bonne saison en 2019. Malheureusement pour lui, ses bonnes sorties ont été gâchées par le manque total d’offensive de ses coéquipiers et il a, lors de ses mauvaises sorties, complètement sorti ses coéquipiers du match. Rarement cette saison, la combinaison gagnante a été trouvée pour Sikula.

Karl Gélinas termine pour la première fois une saison avec une fiche perdante (et pas seulement qu’un peu, avec une seule victoire jusqu’à maintenant). Lui aussi a été victime d’une offensive en panne plus souvent qu’à son tour mais, ennuyé par une blessure à la jambe presque toute la saison, il n’a pas non plus lancé avec l’étoffe qu’on lui connaît. Richmond, un vétéran des majeures ayant lancé avec les Blue Jays pendant quelques saisons, a connu plusieurs sorties exceptionnelles, accordant très peu de coups sûrs à l’adversaire. Lors de ces soirées, il était extraordinaire de le voir lancer et il a procuré quelques victoires aux Capitales de cette façon. Par contre, il a aussi été complètement écrasé à certains moments, incapable de trouver la solution. Son expérience a aussi été très profitable auprès du personnel d’entraîneurs, une présence remarquée et appréciée.

Quant à Molleken, un autre vétéran sur qui on misait beaucoup comme «closer», n’a pas été à la hauteur de sa réputation. Certes, la saison difficile des Capitales ne lui a pas donné l’occasion très souvent de venir sauvegarder une victoire en fin de match. Mais ses présences au monticule ne se sont pas toujours bien passées, laissant parfois derrière lui plusieurs coureurs sur les sentiers et quelques points au tableau.

En général, le personnel de lanceurs de l’équipe n’a pas été d’une fiabilité à toute épreuve en 2019. Chaque changement de lanceur était un coup de dés pour le gérant et pour les partisans. Il serait injuste de terminer cette évaluation des lanceurs sans mentionner la présence de Dany Paradis Giroux, un rare Québécois dans l’équipe. Présent dès le début de l’été, il a su garder sa place au sein de l’équipe, malgré le tourbillon incessant autour de lui. Appelé comme partant et comme releveur, il a bien fait, aussi bien que l’édition 2019 pouvait faire. Le fait saillant de sa saison est sans contredit sa victoire contre Ottawa, alors qu’il affrontait Philippe Aumont, le meilleur artilleur de la ligue en 2019, et ancien des majeures.

Le gérant et ses acolytes font un travail exceptionnel dans les circonstances

Finalement, pour terminer mes commentaires sur les performances sur le terrain, je m’en voudrais de ne pas souligner le travail exceptionnel du personnel d’entraîneurs, et celui de Patrick Scalabrini en particulier. Il est d’usage, lors d’une saison difficile, de blâmer l’instructeur. Il s’en est même trouvé parmi les partisans, sur les réseaux sociaux, à réclamer la tête de Scalabrini en milieu de saison. Pour avoir côtoyé l’équipe de plus près cette saison (en tant que photographe à plusieurs parties locales), je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que le climat positif qui a entouré le vestiaire et l’abri pendant toute la saison était tout à fait exceptionnel dans le contexte d’une saison comme celle qui se termine.

Un tel climat et un tel enthousiasme ne peuvent pas provenir d’ailleurs que du gérant, celui qui pousse chaque jour pour faire avancer le bateau dans la bonne direction, malgré les très nombreuses séries perdues, les quelques balayages et les innombrables coureurs laissés sur les buts. Être un bon coach quand ça va bien, ça peut être facile. Rester un bon coach dans les moments difficiles, c’est un travail que seuls les meilleurs peuvent réussir. Patrick Scalabrini, Tim Smith et Karl Gélinas ont réussi cet exploit cette année. Je leur lève mon chapeau.

Hors du terrain, les Capitales continuent leur bon travail

Et tant qu’à être dans les points positifs, allons-y maintenant avec l’autre aspect de cette organisation des Capitales, c’est-à-dire l’événement, tel que vécu par les partisans. De ce côté, les Capitales ont toujours prouvé qu’ils étaient capables de faire un travail exceptionnel. Et la saison 2019 n’aura pas été différente. Michel Laplante et son équipe ont toujours fait des partisans leur priorité et c’est ce qui fait que cette histoire d’amour entre Québec et son équipe de baseball dure depuis plus de 20 ans.

On avait débuté tout ça du bon pied en annonçant dès le printemps des baisses significatives de prix dans les concessions, autant pour la bière que pour la majorité des aliments. Malgré un début de saison difficile du côté météo, il était évident dès le départ que les files d’attente aux concessions seraient longues pendant tout l’été, ce qui fut le cas. Un beau problème à gérer pour l’année prochaine.

La Zone Famille, du côté du premier but, avec les jeux gonflables, une surface en gazon synthétique, la proximité des joueurs pendant l’entraînement, le kiosque à crème glacée et friandises et tout le reste, grouille d’activité à chaque match. Les enfants s’amusent et les parents passent un bon moment. De l’autre côté du losange, sur la terrasse réservée aux adultes, on s’amuse ferme avec de l’animation à chaque partie et différentes zones pouvant plaire à tous les goûts.

M. Denis Perron a aussi fait son apparition comme chanteur officiel des hymnes nationaux. Arborant la boucle jaune et très sympathique, il a su devenir une partie intégrante de l’avant-match et a tout de même laissé la place à la relève à quelques occasions pendant la saison.

Capi et les partisans, l’âme des Capitales de Québec

Capi, le favori de la foule, continue d’être ce qu’il a toujours été. Taquin, énergique et gentilhomme, il charme autant les enfants que les adultes, surtout les dames, qui l’adorent et qu’il adore. Capi, c’est l’âme des Capitales, c’est par lui que l’image de l’équipe se propage. Son gros bedon rond et ses grands yeux bleus plaisent à tous. Seul bémol, il aurait peut-être besoin d’une petite cure de rajeunissement, pour lui redonner les couleurs et le pelage qu’il avait à ses débuts.

On a aussi tenté, sans grand succès, de faire participer la foule au signe du «Moose», que tous les joueurs font après un coup sûr. À mon avis, c’est une tentative à refaire et ça pourrait devenir une autre marque de commerce de notre équipe. Ça vaut la peine de persévérer.

Finalement, il serait malhabile de terminer le récapitulatif de cette saison 2019 sans mentionner la présence indéfectible des partisans, année après année, quelle que soit la performance de l’équipe au classement et sur le terrain. La météo a été difficile en début de saison mais aussitôt que le soleil s’est pointé le bout du nez, les partisans sont sortis et sont venus mettre de l’ambiance dans le vieux stade. Les joueurs ressentent cette énergie, ils la désirent et ils la savourent. Chaque personne additionnelle dans les gradins et chaque applaudissement sont une graine d’énergie supplémentaire pour les guerriers qui sont sur le terrain.

Et l’année prochaine?

Dans le contexte de la ligue Can-Am, il est toujours difficile de prédire ce que sera le noyau de joueurs qui continueront d’évoluer à Québec. Mais une chose est sûre, la majorité des joueurs adorent jouer à Québec, aiment la ville et ses partisans, et veulent prouver que la saison actuelle n’était qu’une anomalie dans un parcours gagnant. Les Capitales 2019 ne laisseront pas de trace dans le livre des honneurs de l’équipe. Mais ils auront peut-être semé quelque chose d’intéressant qu’ils sauront cueillir avec succès en 2020. C’est à voir, en mai prochain. Bon hiver!