Le samedi 11 février 2023 restera une date gravée dans la mémoire de tous ceux qui gravitent autour du Tournoi Pee-Wee. Après une année d’absence en 2021 en raison de la pandémie et un tournoi édulcoré au printemps 2022, l’édition 2023 était déjà très attendue et aurait marqué l’histoire, quoi qu’il arrive.

Mais c’était sans compter sur le dynamisme et le travail acharné de l’équipe à la barre de l’événement annuel, avec Patrick Dom à sa tête. Avec l’entrée en scène d’une catégorie entièrement féminine regroupant 12 équipes de partout à travers le monde, le tournoi 2023 marquait déjà un grand coup. Mais c’est sans contredit la réalisation d’un projet un peu fou d’amener à Québec une équipe de l’Ukraine qui marque cette édition plus que toute autre.

Après d’innombrables démarches administratives et logistiques, s’apparentant aux célèbres travaux d’Astérix, il a été possible de réunir assez de joueurs pour former une équipe représentant le pays en guerre. Ils sont arrivés la semaine dernière et ont pu depuis apprivoiser leur nouvel environnement, pratiquer ensemble et faire plus ample connaissance avec leurs familles d’accueil respectives.

Pendant ce temps, les médias se sont emparés de leur histoire et les gens de Québec ont répondu avec enthousiasme à l’appel pour les accueillir de façon chaleureuse lors de leur premier match au Centre Vidéotron. C’est donc devant un amphithéâtre rempli à capacité et très bruyant qu’ils ont fait leur entrée sur la patinoire à 11h45 samedi matin, en compagnie des petits Bruins de Boston, participants malgré eux à un événement historique.

La cérémonie d’avant-match a été à l’image du tournoi. Simple, sobre mais empreinte d’empathie et d’émotion. Après la mise au jeu officielle en compagnie des dignitaires invités pour l’occasion, les hymnes nationaux ont été entendus dans l’aréna alors que les joueurs des deux équipes formaient un cercle au centre de la patinoire, enlacés sans égard à la couleur du chandail. Avant d’entreprendre le match, les spectateurs ont été invités à faire scintiller leurs téléphones pour la paix. Belle image, qui aurait été encore plus impressionnante si l’éclairage de l’amphithéâtre avait été réduit au même moment.

Le match

Probablement à cause de la nervosité, les deux équipes ont semblé chercher leurs marques pendant les premières minutes de la partie. Mais le tempo s’est ensuite accéléré et la foule a eu droit à de beaux jeux, de beaux arrêts et une belle maîtrise de la rondelle par l’équipe ukrainienne, entre autres. Malgré tous ces efforts, aucune équipe ne s’était encore inscrite au pointage après une période de jeu.

La deuxième période a donné lieu à du jeu très excitant et malgré quelques avantages numériques en faveur de l’Ukraine, le gardien de but des Bruins de Boston, James Boccuzzi, a été intraitable et a multiplié les arrêts pour garder son équipe dans le match. Avec une période à jouer, le pointage est encore 0 à 0. À suivre.

La troisième période a été, et de loin, la plus enlevante du match. Malgré un but marqué par les Bruins en début de période, le Ukraine Sélect a continué à mettre de la pression par un jeu de passe fluide et des tirs puissants, parfois même à bout portant. Boccuzzi a continué d’impressionner la foule et de galvaniser son équipe par des arrêts spectaculaires. L’Ukraine a finalement soulevé la foule d’un seul bloc en créant l’égalité en milieu de période. Dès lors, les partisans ont été plus bruyants que jamais et les petits Ukrainiens ont récompensé la foule en marquant le but à moins de trois minutes de la fin du match.

Tous les efforts des Bruins avec 6 attaquants ont été stoppés par la défensive ukrainienne et c’est avec un but dans un filet désert que la rencontre s’est terminée par la marque de 3 à 1.

Après la rencontre, Patrick Dom, directeur du tournoi, a mentionné que même James Cameron n’aurait pas écrit un meilleur scénario pour Hollywood. Qualifiant la foule de Québec chaleureuse et accueillante comme nulle part ailleurs, il a voulu souligner l’accueil réservé aux petits Bruins de Boston, qui ont (presque) reçu autant d’applaudissements que l’équipe de l’Ukraine.

Quant à Mike Cashman, grand responsable des Bruins de Boston ayant vécu 23 éditions du tournoi, il a qualifié cette participation à ce match historique comme le moment le plus excitant et le plus mémorable qu’il aura vécu à Québec, et de très loin. James Boccuzzi, le gardien de but de l’équipe américaine a renchéri en ajoutant que ce moment allait changer sa vie et sa façon de voir les choses. Tous les joueurs se sont senti comme des joueurs de la Ligue nationale de hockey et ne sont pas près d’oublier ce match.

Denys Lupandin, capitaine de l’équipe ukrainienne a confirmé que tous les joueurs étaient très nerveux et même apeurés au début du match mais qu’après quelques minutes, la foule a transformé leur expérience pour en faire un moment inoubliable. Dignité, unité, solidarité, ce sont les mots qui sont revenus le plus souvent lors de la rencontre de presse d’après-match. Une tonne de pression vient d’être retirée des épaules des deux équipes, de l’organisation du tournoi et de toutes les personnes impliquées.

Le parcours de l’équipe ukrainienne se poursuivra lundi soir à 18h au Centre Vidéotron, alors qu’ils affronteront les Wolves de la Roumanie. C’est un rendez-vous!