moi sport

Jonathan L’Heureux

Ça y est, le verdit pour l’assaut de Yanick Turcotte à l’endroit de Alexandre Alain alors qu’ils voulait passer un message à celui qui venait d’asséner un «crosscheck» au visage de Derek Gentile avec une solide mise-en-échec est tombé. Le joueur des Remparts écopera d’un nombre indéterminé de match de suspensions alors qu’Alain qui avait pu retourner sur la patinoire après son geste disgracieux sur Gentile en aura qu’un seul. Un nombre indéterminé??? Ces représentants en cravates ne sont pas en mesure de sortir du confort de leur salon un jour de weekend?

J’aimerais connaître le raisonnement de la ligue. À mon souvenir, je peux me tromper, le joueur des Remparts part des cercles de mise-en-jeu et non de la ligne bleue. Ensuite sa mise-en-échec se fait dans les règles de l’Art. Personne ne lève les patins de la glace, ni Turcotte, ni Alain. Le joueur de Gatineau ne semble même pas grimacer et pire encore, il retraite au banc avec le sourire.

Mais ce qui me fait sourciller le plus est le fait que la ligue ait suspendu le joueur sans avoir visionner les vidéos, sans avoir parlé avec les belligérants! On puni donc un homme pour son nom sans procès? Comprenez-moi bien que la suspension soit mérité ou pas, comment une ligue sérieuse peut affirmer qu’elle suspend un joueur et dans la même phrase mentionner qu’il regarderont les vidéos et parleront ensuite aux principaux intéressés? J’ose croire que Raymond Bolduc, le directeur de la sécurité des joueurs à au moins visionné les vidéos de l’événement! J’ose croire qu’on a rencontré Derek Gentile pour déterminer la sentence d’Alexandre Alain qui a essayé de défiguré un jeune joueur de 16 ans! Mais j’en doute. Quand c’est Turcotte c’est toujours pire.

Nous apprenions dernièrement que la LHJMQ essayait de comprendre la déconfiture de la ligue au niveau des assistances et tentait de trouver une solution pour redorer le blason de la LHJMQ. C’est étonnant, comment les administrateurs de la ligue me font penser à nos chefs politiciens toujours à la recherche de solutions qui sont apparemment très simples selon les partisans. Il y a quelque temps, les foules étaient grandioses dans plusieurs arénas. Pourquoi en si peu d’années les partisans ont-ils si rapidement délaissé leur sport favori?

Je me rappelle l’époque de Joe Canale et les Harfangs de Beauport, de la rivalité entre Patrick Roy et Richard Martel. C’était certes quelquefois peu gratifiant, mais c’était enivrant. C’était une époque ou l’entraîneur pouvait «challenger» l’arbitre sans devoir payer des milliers de dollars de pénalités. L’époque ou les joueurs pouvaient dire à l’arbitre qu’il ne lui aimait pas la face sans se faire sortir de la rencontre. Il n’y a pas si longtemps, un joueur pouvait se battre à plus de 10 reprises sans se faire suspendre. Il y avait de l’émotion tant sur la patinoire que dans les gradins. Mais aujourd’hui, à trop vouloir nettoyer le produit, ils l’ont complètement dilué. Cette ligue devient beige; terne et sans émotion pourrait très bien être le slogan de la prochaine édition.

Serait-ce le moment de profiter de cette toile blanche, de sortir les pinceaux et de recréer l’engouement du passé? La LHJMQ devrait se compter chanceuse que la Ville de Québec ce soit doté d’un amphithéâtre ou dès sa première année on a battu tous les records d’assistances au Canada. Grâce au Centre Vidéotron, la ligue se maintient à flot, mais les prochaines années, lorsque la lune de miel sera terminée, Québec aussi pourrait perdre ses partisans ce qui serait catastrophique pour le circuit Courteau.

Je ne comprends pas que les décideurs de la ligue ne perçoivent pas le message de ceux qui sont les plus importants, les partisans. D’un bout à l’autre du circuit, nulle part on ne peut entendre la foule tantôt en colère, tantôt émerveillée. Il n’y a plus de grandes rivalités. N’est-ce pas la mission du sport de créer des émotions? Comprenez-moi bien, je ne parle pas ici d’arracher des têtes et de revenir au passé, mais de bonnes mises-en-échec solide et de l’agressivité… Parlant d’arracher des têtes. On reproche présentement à des joueurs de se battre sur la patinoire. Je comprends où la ligue veut s’orienter. Bannir complètement les bagarres d’ici 5 ans. Je prédis donc une perte de contrôle des coups salauds. Serait-ce que la ligue préfère? Ça m’étonnerait. Pas étonnant que les amateurs préfèrent s’en remettre qu’à la ligue nationale où non seulement on retrouve les meilleurs joueurs du monde, mais aussi des bons placages, de l’agressivité, des batailles et de l’action.

Au Québec, il n’y a que le Canadiens qui compte et que le reste n’intéresse personne? Les grands médias ne traitent que légèrement les ligues mineures par manque d’intérêts de leurs lecteurs et auditeurs? Pardonnez mes dires, mais je crois sincèrement qu’il s’agit de la plus grande foutaise qui m’est eu donnée d’entendre. Il est évident que le calibre de la LHJMQ n’a rien à voir avec celui de la LNH. Mais est-ce que cela veut dire que ça le rend inintéressant? Quiconque abondant dans ce sens est invité à regarder ce qui se passe chez nos voisins américains. Les véritables raisons des récents déboires de la ligue ne sont causées que par personne d’autre que ceux-ci. Certains États ont des équipes universitaires qui attirent autant de partisans que les clubs professionnels. Seraient-ils stupides d’apprécier le spectacle de ceux qui formeront les meilleurs de demain? Non, mais ils ont droit à un bon spectacle.

Nous avons la chance au Québec d’avoir une ligue qui peut offrir un excellent spectacle. Certains des plus grands joueurs de la LNH ont gravité dans ses rangs. Nous ne pouvons tous qu’espérer la continuité, mais nous devons pour régler la situation admettre nos lacunes. De moins en moins de joueurs de la grande ligue passent par la LHJMQ. Pourquoi? Poser la question est y répondre.