Créé en 1967, avec comme inspiration la célèbre course de Monaco, le Grand Prix de Trois-Rivières est la plus vieille course urbaine en Amérique du Nord. Avec encore deux mois à faire avant l’édition 2019, la 50e depuis les débuts, il est intéressant de voir comment a évolué cet événement à travers les années.

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Un circuit court et excitant

Reconnu comme étant à la fois technique et rapide, le circuit de Trois-Rivières a fait ses preuves à travers les années et les pilotes aiment sa vitesse et les défis qu’il présente. Comme pour la majorité des courses se déroulant en ville, les murets de béton guettent constamment les voitures tout autour du circuit. Et bien sûr, le passage sous la porte Duplessis et le virage serré qui suit constituent aussi un des moments forts d’un tour à Trois-Rivières.

Le circuit des premières années de la course est plus court que celui d’aujourd’hui et les voitures tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, contrairement à ce qui se fait maintenant. Outre quelques années d’utilisation d’une partie de l’enceinte de l’hippodrome pour allonger la piste, à la fin des années 70, le circuit du milieu des années 80 ressemble presqu’en tous points à celui qu’on utilise encore aujourd’hui. En fait, c’est la création de l’épingle Ryan en 1973 et le déplacement de la ligne des puits en 1978 autour du virage Villeneuve qui ont donné au circuit son look actuel, long de 2,4 km.

Pour voir l’évolution du circuit à travers les années, c’est par ici: https://www.racingcircuits.info/north-america/canada/trois-rivieres.html

Un événement majeur à Trois-Rivières

Depuis ses tous débuts, le Grand Prix de Trois-Rivières, maintenant connu sous le nom de GP3R, est l’événement de l’année en Mauricie. Attirant des amateurs de partout dans la province et aussi d’ailleurs, l’épreuve permet à la ville trifluvienne de recevoir beaucoup de visiteurs et de festoyer avec eux autant dans le secteur du circuit qu’au centre-ville, qui grouille d’activités pour l’occasion. Avec l’ajout de la série World Rallycross (WRX) depuis 2014, l’événement se déroule maintenant sur deux fins de semaine, permettant d’étirer la fête et d’accueillir encore plus de passionnés de la course automobile en ville.

Dans les dernières décennies, la ville de Trois-Rivières a profité du réaménagement du secteur portuaire pour amplifier la fête, avec des spectacles pyrotechniques, une grande roue et des activités diverses pour toute la famille. Pendant quelques années, on y a même organisé le Petit Monaco, une course de karting chaudement disputée, dont le circuit longeait le bord de l’eau et empruntait le tunnel ferroviaire, à l’instar de la course monégasque.

Une très grande variété de séries sur le circuit trifluvien

En plus de 50 ans d’existence, on peut affirmer sans se tromper que le GP3R est probablement l’événement de course en Amérique du Nord ayant vu passer le plus de séries différentes sur son circuit. Des voitures de tourisme jusqu’aux grosses Audi R8 ayant couru aux 24 heures du Mans, en passant par la série Can-Am et les puissantes Trans-Am, les amateurs en ont vu de toutes les couleurs et ont pu apprécier une belle variété de séries sur leur circuit urbain.

Les premières années ont été celles des voitures de tourisme, la première édition ayant été remportée par nul autre que Jacques Duval, une légende vivante du monde automobile au Québec. Dès la deuxième année, des monoplaces se sont ajoutées au programme, avec ce qui était appelé à l’époque les Formule A et B, des bolides puissants qui ont permis au Grand Prix de Trois-Rivières de rapidement se faire une place au niveau international.

La Formule Atlantique est ensuite devenue la série emblématique du Grand Prix entre 1974 et 2003, sans interruption. Cette série a vu défiler de grandes vedettes de la course automobile et l’événement le plus mémorable reste évidemment la victoire de Gilles Villeneuve en 1976, devant Alan Jones et James Hunt, une victoire qui sera le catalyseur de son illustre carrière en F1, trop subitement interrompue en 1982.

Le milieu des années 90 est l’occasion de voir quelques courses de la série CART Indy Lights, en plus de la Formule Atlantique. La série Indy Lights pourra couronner à Trois-Rivières des champions qui auront par la suite une grande carrière sur les circuits américains, tels que Helio Castroneves et Tony Kanaan.

En 2002 et 2003, le circuit trifluvien accueille des gros prototypes de type Le Mans, alors que la série American Le Mans s’amène au Grand Prix pour deux années consécutives. La Audi R8 fracasse le record de piste avec un tour de 57 secondes. Avec 4 catégories de voitures en piste en même temps et la même ambiance que lors des grandes courses d’endurance, le spectacle est assuré. Par contre, le circuit s’avère trop court et la porte Duplessis trop étroite pour permettre à ces monstres de puissance de bien se mettre en valeur et la série quitte Trois-Rivières en même temps que la Formule Atlantique.

Après le départ de la Formule Atlantique en 2003, les années qui suivent seront plus difficiles pour le Grand Prix alors que les Trans-Am et Grand-Am tentent de combler le vide laissé par les monoplaces si appréciées. Il faudra attendre 2007 pour voir arriver en renfort la série NASCAR Canada (sous ses différentes appellations), qui est devenue depuis l’événement principal du dernier weekend du GP3R.

Évidemment, le Grand Prix de Trois-Rivières n’a jamais renié ses origines et on peut toujours y voir chaque année des séries nationales et régionales populaires, comme les voitures de tourisme, les Formule 1600 et des séries mono-marques (Toyota, Mazda, Nissan, etc.). En tout, près de 30 séries différentes ont été vus sur le circuit du GP3R depuis 1967.

L’arrivée du World Rallycross

L’année 2014 voit également une toute nouvelle catégorie de voitures arriver à Trois-Rivières alors que les bolides du nouveau championnat mondial de rallycross (WRX) s’arrêtent au Québec pour une étape du championnat. Alliant course sur asphalte et course sur gravier, avec sauts et tour alternatif, le spectacle de la série WRX est enlevant et après une première année ayant vu le grand champion Petter Solberg couronné, on offre à la nouvelle série une fin de semaine complète, distincte des autres séries de circuit routier. Dès lors, on greffe au WRX un programme complet incluant des courses de moto (AMA SuperMoto), de quad et autres séries nécessitant un circuit de terre ou gravier. L’hippodrome est alors de nouveau sollicité pour la première fois depuis le début des années 80 et la série WRX fait son nid à Trois-Rivières depuis ce temps.

Des pilotes, des tonnes de pilotes

Grâce à la multitude de séries de voitures ayant animé le spectacle à Trois-Rivières, les spectateurs ont toujours pu voir à l’oeuvre des pilotes de renom, qu’ils soient déjà connus ou qu’ils en soient à leurs premières années en compétition. Évidemment, on en a parlé plus tôt, la victoire de Gilles Villeneuve en 1976 dans sa célèbre Formule Atlantique #69 aux couleurs de Direct Film, devant les pilotes F1 Alan Jones et James Hunt, restera à jamais gravée dans les mémoires. Ce jour de septembre 1976, 32 pilotes prennent le départ de la course. De ce nombre, 12 allaient un jour atteindre la F1 ou y étaient déjà. James Hunt était d’ailleurs à ce moment à quelques semaines de devenir champion du monde de la catégorie-reine.

Cette victoire dominante, de bout en bout de la course, devant Jones et Hunt, a permis à Villeneuve d’obtenir un volant en F1 pour 3 courses avec McLaren en 1977, avant qu’il ne soit repêché par Enzo Ferrari pour aller piloter un des bolides rouges jusqu’à sa mort tragique en 1982.

On a aussi pu voir à Trois-Rivières des pilotes comme Patrick Tambay, Jacques Lafitte, Michael Andretti, Greg Moore, Bobby Rahal, Vittorio Brambilla, Roberto Moreno, Jacy Ickx (en série Can-Am), Ron Fellows et Buddy Rice. La famille Villeneuve a aussi assuré le spectacle pendant plusieurs années, avec trois victoires de l’oncle Jacques en Formule Atlantique et quelques participations du jeune Jacques dans différentes séries, dont le rallycross dans les dernières années. On oublie aussi trop facilement que Keke Rosberg, Patrick Depailler et Danica Patrick ont aussi piloté autour du vieux stade de baseball. Au total, ce n’est pas moins que 4 champions du monde en F1 qui sont passés sous la porte Duplessis. Sur la scène québécoise, la longue série de vedettes a évidemment commencé par Jacques Duval, qui a remporté la première course en 1967. Des années plus tard, la Formule Atlantique nous a donné de belles courses avec les Bertrand Godin, Patrick Carpentier, Claude Bourbonnais et d’autres jeunes pilotes de la filière Player’s, dont Alex Tagliani, qui pilote encore aujourd’hui sur le circuit trifluvien en NASCAR.

La série NASCAR canadienne offre aussi aux amateurs depuis quelques années une belle brochette de pilotes québécois. Les Labbé, Ranger, Dumoulin, Camirand, Lacroix, etc. ont toujours offert un bon spectacle et restent proches des amateurs.

L’accès aux pilotes, aux voitures et aux équipes

Quand on mentionne que les pilotes restent proches des amateurs, ça n’a jamais été aussi vrai qu’au Grand Prix de Trois-Rivières. Depuis toujours, tous les détenteurs de billets au GP3R ont accès aux paddocks, et marchent constamment à travers les voitures, les pilotes et les mécaniciens. La convivialité de cette disposition est vraiment ce qui fait de ce Grand Prix un événement unique, différent et convivial. Il ne faut pas bénéficier d’un laissez-passer spécial ou de connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un pour côtoyer les pilotes et faire la conversation avec eux. Tout le monde est invité à la fête et c’est plutôt rare de nos jours dans le monde de la course automobile.

Une interruption de 1986 à 1988

La situation financière du Grand Prix n’a pas toujours été facile. Les premières décennies sont principalement commanditées par les grandes brasseries (Labatt et Molson). De 1986 à 1988, l’argent vient à manquer et les moteurs resteront silencieux dans la ville pendant trois ans, avant qu’un groupe de passionnés ne réussissent à ressusciter l’événement en 1989. Dans les années 90, Player’s prend le relais comme commanditaire principal et amène la course à un niveau fort intéressant, en investissant dans les équipes, en formant des pilotes à long terme et aussi en assurant la réalité financière de l’événement lui-même. En 2000, les nouvelles lois interdisant la publicité du tabac feront mal, non pas seulement au GP3R mais aussi à toute la filière de pilotes qui étaient soutenus par Player’s.

Chrysler prend alors le relais pendant quelques années, sans y mettre l’investissement que Player’s pouvait consentir à l’événement. Depuis, l’événement réussit à assurer son fonctionnement grâce à de multiples commanditaires secondaires, sans réussir à s’associer avec un commanditaire principal et majeur, qui pourrait donner son nom à l’événement.

Malgré tout, le Grand Prix de Trois-Rivières fêtera son 50e anniversaire en août 2019 et les gens de la région peuvent être fiers de cette belle carte de visite pour leur ville.

Pour un retour dans le temps, visitez cette rétrospective : http://www.autocourse.ca/circuits/troisrivieres/1967-1971.html