Pour le 20e anniversaire du Carrefour international de théâtre, l’événement-phare de la programmation a complètement renouvelé son offre avec cinq nouveaux tableaux installés sur les rives de la rivière St-Charles. Coincés entre l’autoroute Laurentienne et la rivière, les lieux choisis permettent à plusieurs spectateurs de redécouvrir ce secteur de la ville au carrefour de quatre quartiers. Accessible gratuitement du jeudi au samedi, entre 21h et 23h, jusqu’au 8 juin, l’événement attire énormément de monde et il faut y être tôt pour être en mesure de profiter de chaque tableau. Pour ma part, je n’ai pas pu visiter la «Terre Promise», faute de temps, et je me promets d’y retourner la semaine prochaine pour compléter mon parcours. Malgré les files d’attente, la gestion de foule est assurée par des bénévoles efficaces et souriants. Et elle permet d’assurer que vous pourrez profiter de chaque tableau sans être englué dans la foule.

«Points de suspension» transforme le Pont Lavigueur en un lieu intime où, grâce son étroitesse, vous serez envahis par le spectacle impressionniste et un peu planant. La structure devient en quelque sorte vivante et offre des passages pour le mouvement contrôlé des spectateurs. Invités à regarder le ciel et les étoiles, vous serez par le fait même confrontés à des créatures de tous genres.

«L’Anse-à-Vaillant» nous invite au coeur d’un village de pêcheurs qui vit au rythme de l’arrivée et du départ des bateaux. Les angoisses de l’attente, la joie des retrouvailles et les émotions du village nous sont livrées dans un espace-temps compressé, parfaitement adapté au parcours urbain. Le grand quai donne sur la mer, dont la présence virtuelle est assurée par une grande projection sur une pyramide de conteneurs.

«Jeux d’échelles» est un intéressant coup d’oeil sur certains lieux et bâtiments bien connus de la ville de Québec, qui jouent tous un nouveau rôle pour ce tableau à la fois comique et portant à réflexion. Entre autres, on y retrouve le tombeau de Champlain à la Pyramide, le Centre Vidéotron est transformé en OVNI et le Gâteau Frontenac a l’air bien appétissant. L’usine à pâte de papier White Birch y crache aussi ses nuages de fumée blanche, transportés ensuite un peu partout à travers la ville.

«L’embâcle des sans-soucis» nous permet d’assister à une fête sur un ponton, où insouciance, shooters, égoportraits et autres éléments du «nouveau» monde sont au menu, alors que de l’autre côté de la rivière, les déchets de notre surconsommation s’accumulent et émettent des bruits inquiétants. Le contraste est mis en valeur par des jeux de couleurs efficaces.

Reste à voir pour moi «Terre promise», où un camping en bord d’autoroute (littéralement) est rempli d’êtres marginaux, qui vivent leur liberté chacun à leur façon. Ce tableau est le plus grand des cinq qui sont présentés et je vous en reparlerai dans une prochaine chronique.

 

Au final, l’édition 2019 du parcours «Où tu vas quand tu dors en marchant…?» s’inscrit dans la même lignée que les éditions précédentes et permet à tous ceux et celles qui n’ont pas l’habitude de consommer du théâtre traditionnel de découvrir un art de création et de réflexion. En prime, les lieux choisis pour présenter l’événement cette année sont parfaits pour offrir un peu d’espace pour souffler entre les différents tableaux.