La vie des gens riches et célèbres?

Comment les joueurs de baseball professionnels vivent-ils sur la route? Quelle est l’ambiance dans l’autobus, à l’hôtel, dans le vestiaire? Quel est le quotidien d’une équipe remplie de jeunes joueurs d’origine diverse que seul le baseball réunit? C’est ce que j’ai voulu apprendre en suivant l’équipe lors d’une série de trois matchs à Ottawa, à la mi-juillet. Pour ce faire, j’ai eu la permission de prendre place dans l’autobus et de suivre l’équipe à chaque instant pendant la fin de semaine. Les 5 épisodes que nous publierons dans les prochains jours tentent de vous raconter l’histoire d’un voyage à l’étranger, tel que vu par un «externe», qui s’est inséré dans la vie de l’équipe pendant quelques jours. Bonne lecture, en espérant qu’elle vous permette de mieux connaître VOTRE équipe, celle qui égaie les étés de Québec depuis 1999.

Auteur et photographe: Christian Gingras
Christian est un fier partisan des Capitales (et de Capi!) depuis 1999, dont les deux filles maintenant adultes ont célébré quelques-uns de leurs anniversaires d’enfance au stade Canac. Depuis quelques années, il a le privilège de pouvoir photographier certaines parties des Capitales pour le compte de ISQ Média et il agit maintenant régulièrement comme photographe officiel de l’équipe, en plus d’offrir ses services bénévolement comme photographe pour les parties des Diamants de Québec.


En route vers Ottawa

Vendredi matin, 15 juillet, le soleil est levé sur le stade Canac pour une fin de semaine qui s’annonce très belle. L’autobus aux couleurs de l’équipe est arrivé et Gilles, le chauffeur, lance des salutations aux joueurs qui arrivent un après l’autre, parfois en petits groupes, parfois individuellement. Certains étaient déjà au stade pour profiter du gym ou pour y cueillir certains effets personnels. La majorité ont le sourire facile mais pour certains, la levée du corps à bonne heure semble plus difficile.

TJ White contribue à l’effort collectif pour transporter le matériel de l’équipe

La veille, l’équipe a remporté un match à sens unique contre les pauvres Greys d’Empire State, qui peinent à offrir une opposition intéressante à ses adversaires, jour après jour. Pour les Capitales, il s’agit d’un deuxième balayage de suite et d’une séquence de 9 victoires consécutives. Ce soir, une série beaucoup plus importante s’amorce contre les Titans d’Ottawa, qui détiennent la deuxième meilleure fiche de la ligue, derrière les Capitales. Les deux équipes s’affrontent pour la première fois de la saison, étonnamment. Un écart de 4.5 parties sépare les deux équipes, qui pourraient se retrouver dans les séries d’après-saison. C’est donc un test important pour les Capitales, qui ont vu leur alignement s’améliorer dans les dernières semaines mais qui sont toujours en attente de leur 5e partant, le Dominicain Carlos Sano, dont les formalités d’entrée au pays sont lentes à aboutir. Avec un peu de chance, il rejoindra l’équipe pendant le voyage à Ottawa.

Josh McAdams est prêt pour la route

Patrick Scalabrini, gérant de l’équipe depuis 2010, était déjà dans son bureau depuis un certain temps pour préparer la série contre Ottawa. Quand il sort du vénérable stade municipal pour rejoindre son équipe, la majorité des joueurs ont déjà déposé leurs bagages dans l’autobus et il faut maintenant transporter l’équipement collectif. En l’absence d’un préposé à l’équipement, qui n’accompagne généralement pas l’équipe sur la route, chacun met la main à la pâte dans un esprit très bon enfant. Jérôme Lizotte, physiothérapeute de l’équipe, sera la personne responsable de la logistique pour la durée du voyage. La soute à bagages de l’autobus se remplit de sacs aux couleurs des Capitales, mais les gants de baseball ne quittent pas les mains des joueurs, qui ne veulent pas que leur principal outil de travail soit déformé par l’entreposage et le transport. Oreillers, écouteurs, tablettes, téléphones et quelques grignotines complètent le matériel du parfait voyageur.

Chacun prend place dans l’autobus, en occupant une paire de sièges. Les entraîneurs se placent à l’avant avec les physiothérapeutes Jérôme et Gabriel, et Ray, traducteur et responsable des relations internationales pour les joueurs hispanophones. Je m’installe aux côtés de ce dernier, il sera mon compagnon de voyage pour la fin de semaine. Et je ne m’ennuierai surtout pas!

Raymond Boisvert, traducteur, et Jérôme Lizotte, physiothérapeute

Sur la route, la grande majorité des occupants de l’autobus sont silencieux. Relaxation, écoute de films, sommeil profond, conversations à voix basse. L’allée est encombrée de grandes jambes et il n’est pas simple de se frayer un chemin vers l’arrière de l’autobus. Comme sur le terrain de baseball, Patrick Scalabrini trouve toujours une solution pour arriver à ses fins (voir photo). Je le soupçonne d’apprécier ce petit tour de manège… après tout, les singes sont nos proches cousins dans l’arbre de l’évolution.


30 minutes d’arrêt

Le voyage à Ottawa dure moins de cinq heures, une petite escapade en comparaison des voyages vers l’ouest, dans les régions de Chicago ou de St-Louis, ou encore des voyages vers la côte Est des États-Unis, dans les régions de New York ou de Pittsburgh. Il n’y a pas non plus de frontière à traverser, ce qui n’est jamais une sinécure lorsque l’autobus est rempli de citoyens de plusieurs pays différents, dont certains ne parlent ni l’anglais, ni le français. Malgré tout, un arrêt est requis sur la route pour remplir les estomacs des athlètes.

Rien de compliqué. Une sortie d’autoroute, quelques choix de restauration rapide et un dépanneur. «On repart dans 30 minutes», annonce le gérant avant que le groupe ne sorte de l’autobus, pour se disperser dans les différents établissements. Tim Hortons est une option populaire mais les pizzas, les burgers et les sous-marins font aussi le bonheur de quelques-uns. Certains mangent rapidement avant de retourner dans le véhicule alors que d’autres vont plutôt terminer leur repas pendant qu’on roule sur la 417 entre Rigaud et Ottawa.

Rob Carson, après un arrêt «resto» de 30 minutes

Au retour, dans la soirée de dimanche, la même stratégie est utilisée à Berthierville. Malheureusement, la pénurie de main d’œuvre fait que plusieurs restaurants sont complètement ou partiellement fermés le dimanche soir, laissant peu d’options disponibles aux voyageurs. Mais la consigne reste la même: «On repart dans 30 minutes». Ray est le dernier à prendre place avant que la porte du gros véhicule arborant fièrement le logo des Capitales ne se referme pour continuer son voyage vers Québec. Encore une fois, les odeurs de poulet, de pizza et de sandwichs se mêlent dans l’autobus.


La suite dans l’épisode 2: la découverte d’un nouveau stade, les salaires des joueurs et leur nutrition sur la route.