Si vous avez manqué le premier épisode, vous pouvez le relire ici: Épisode 1

Découvrir un nouveau stade

Les Titans d’Ottawa en sont à leur première saison dans la Ligue Frontière, après une année d’attente à cause de la pandémie. Pourtant, la ville n’en est pas à sa première participation dans le baseball professionnel. Après l’aventure des Lynx comme club-école des Expos de Montréal, Ottawa a connu de nombreuses tentatives de retour dans le baseball professionnel, bien qu’aucune d’entre elles n’ait réussi à s’établir à long terme. D’ailleurs, un des slogans des Titans est #heretostay, ce qui en dit long sur l’histoire du baseball à Ottawa.

D’une capacité de plus de 10 000 places, construit en 1993 et rénové en 2014, le stade RCGT (Raymond Chabot Grant Thornton) est moderne. Il offre de grandes coursives, où il est facile de circuler, et une belle vue sur le magnifique terrain en gazon naturel, entretenu avec soin par une équipe d’environ 10 personnes. Des loges corporatives permettent d’accueillir de nombreux groupes et les espaces pour l’administration et les équipes sont grands et climatisés. Construit pour une filiale AAA du baseball majeur, l’endroit semble cependant un peu grand pour une équipe de la Ligue Frontière qui accueille en moyenne un peu moins de 2000 amateurs par partie.

La majorité des joueurs des Capitales en sont à leur première visite à Ottawa, seulement certains d’entre eux ayant déjà joué contre les défunts Champions, qui ont disputé les saisons 2015 à 2019 dans la ligue Can-Am. Bien sûr, Patrick Scalabrini connaît bien l’endroit, de même que TJ White, Jordan Manduley et Frankie Moscatiello (ancien des Boulders), entre autres. Les clôtures sont éloignées du marbre, à 325 pieds sur les lignes et 404 pieds au centre. Il est difficile d’y frapper la longue balle, ce qui n’empêchera pas les Capitales de catapulter plusieurs balles de l’autre côté du grand mur vert pendant la série. Le vestiaire est très grand par rapport à plusieurs autres de la ligue, particulièrement celui du vieux stade Canac. Les entraîneurs, les joueurs et les physiothérapeutes ont tout l’espace nécessaire pour bien se préparer et faire leur travail.

Autre avantage non-négligeable du stade d’Ottawa, deux hôtels récemment rénovés se trouvent à quelques centaines de mètres, de l’autre côté du stationnement. Les joueurs peuvent donc aller et venir facilement entre l’hôtel et le stade, sans avoir à attendre l’autobus à chaque fois, ce qui est généralement le cas dans la majorité des autres villes visitées par l’équipe. Le petit déjeuner offert par l’hôtel est complet et les chambres sont grandes et confortables. Ottawa devient donc, je le comprends rapidement, un des endroits préférés des joueurs pendant la saison. Il est cependant impossible de trouver des restaurants ou des endroits intéressants pour sortir près du stade. Je profite d’un samedi matin ensoleillé pour faire une marche de 10 km pour me rendre au Parlement et au centre-ville mais la majorité des joueurs restent dans le secteur de l’hôtel ou prennent un taxi pour se rendre en ville.

Les joueurs rejoignent le stade pour l’entraînement du vendredi après-midi, à partir de l’hôtel

Nutrition 101 pour les joueurs de baseball

On le sait maintenant, le salaire des joueurs de baseball dans les ligues indépendantes n’est pas très élevé. En 2022, le plafond salarial pour les équipes de la ligue est de 120 000$US, pour TOUTE l’équipe. Quand on considère que l’alignement inclut 24 joueurs, ça laisse une moyenne de 5000$US par joueur par saison, qui s’étend de la mi-mai jusqu’aux premières semaines de septembre, pour un total de 96 parties, en plus des séries éliminatoires. Il est facile de calculer que la moyenne salariale est d’environ 1400$ par mois. Le salaire minimum est de 1000$/mois, ce qui veut dire que certains vétérans peuvent toucher plus de 2000$/mois mais que les recrues font beaucoup moins. Les Capitales se chargent également de loger les joueurs, la plupart d’entre eux vivant en colocation dans le secteur de Stoneham.

Avec ce niveau de revenus, on comprend rapidement que le coût de la vie, notamment celui de la nourriture, devient un enjeu pour certains joueurs. Il n’est pas rare de voir les fameux PB&J (sandwich au beurre d’arachides et à la confiture) dans les abris et dans les vestiaires. Heureusement, les équipes locales doivent fournir de la nourriture aux joueurs des deux équipes avant et après chaque partie. Les joueurs me racontent que la qualité et la diversité de ce qui est fourni varie grandement d’une ville à l’autre mais pour l’entraînement d’avant-match, le classique PB&J est presque toujours de la partie, parfois avec un pot de Nutella pour compléter. Fruits et légumes s’ajoutent généralement sur la table, en plus de quelques grignotines, santé ou pas. Après la partie, une table un peu plus garnie attend les joueurs, souvent un plat chaud comportant des protéines.

On me raconte que la variété est intéressante à Ottawa comparativement à d’autres villes. Pendant la fin de semaine, je vois passer sur la table à l’entrée du vestiaire des charcuteries, des fruits, des légumes, du pain, du fromage, du poulet frit, du pâté chinois, des frites, etc. Les joueurs me disent qu’ils sont également bien traités à Québec mais que d’autres villes les accueillent avec bien peu d’égards. Considérant que les joueurs disputent 6 parties par semaine et que le déjeuner est offert dans la majorité des hôtels visités, il y a moyen de manger à sa faim sans dépenser une fortune, bien que la qualité de la nourriture ingérée ne serait sûrement pas considérée comme idéale par des nutritionnistes sportifs pour des athlètes professionnels. Évidemment, les longs et pénibles voyages en autobus et leurs arrêts «fast food» ne font rien pour améliorer la situation.

Henry Omana et Reece Yeargain, dans la salle à manger de l’hôtel, avant l’entraînement du samedi après-midi

Je constate cependant que la majorité des joueurs tentent d’équilibrer leur alimentation en optimisant le petit déjeuner et en commandant parfois des repas santé à l’hôtel par l’entremise de services comme DoorDash, Uber Eats et autres du même acabit.


La suite dans l’épisode 3, le travail des physiothérapeutes et la routine d’une équipe de baseball sur la route.