Si vous avez manqué les épisodes précédents, vous pouvez les relire ici: Épisode 1, Épisode 2
Un corps d’athlète: réparer ou prévenir?
Dès l’arrivée dans le vestiaire du stade RCGT à Ottawa, les physiothérapeutes Jérôme et Gabriel installent leur équipement qui leur servira à prendre soin des joueurs tout le weekend. Une table de massage s’ajoute à celle fournie par l’organisation des Titans et tout le matériel requis pour les différents soins est déballé. Jérôme travaille avec l’équipe depuis quelques années déjà mais Gabriel en est à son premier voyage en tant que stagiaire. Pendant ses études, il a eu l’occasion de faire un peu de travail avec le Rouge et Or de l’Université Laval mais son stage avec les Capitales lui permet d’être directement impliqué auprès des joueurs.
La salle réservée aux soins sera occupée toute la fin de semaine et le petit tableau de «réservation» est constamment mis à jour par les joueurs et les thérapeutes. Parfois, un simple massage est requis alors que dans d’autres cas, un examen plus approfondi est requis pour trouver la source du malaise derrière les différentes couches de muscles et de ligaments. Les lanceurs viennent soulager leurs bras meurtris après un passage au monticule, soit par le froid, la chaleur ou des impulsions électriques, selon les recommandations des thérapeutes. D’autres viennent faire panser des blessures pour pouvoir continuer à glisser sur les sentiers sans arracher encore plus de peau. De la simple coupe d’ongles d’orteils à des soulagements musculaires par succion, tout y passe.
Les joueurs placés temporairement sur la liste des blessés mais qui suivent tout de même l’équipe viennent faire ajuster leur programme de réhabilitation, faire vérifier l’évolution de leurs petits (ou grands) bobos et faire ajouter des exercices à leur routine quotidienne pour se rétablir plus rapidement. Jérôme et Gabriel dirigent le trafic de main de maître, assurant à chacun les soins requis, avant et après l’entraînement, avant et après le match. Le gérant, Patrick Scalabrini, vient faire son tour de temps en temps pour mieux comprendre comment chacun de ses joueurs se sent au niveau physique.
Jérôme me raconte que la saison 2022 est beaucoup plus calme en terme de blessures. «Normal», dit-il, «ça fait toujours moins mal quand on gagne!». En contrepartie, les joueurs demandent plus de soins préventifs, ce qui réjouit les thérapeutes, qui peuvent ainsi voir venir. Manifestement, le groupe de joueurs 2022 est sérieux et concentré sur les bons résultats et la victoire. Je me dis que c’est peut-être le résultat du passage dans la Ligue Frontière, dont les règles d’éligibilité assurent des équipes plus jeunes, avec plus de joueurs aspirant aux grandes ligues.
Une routine bien établie
Contrairement à la majorité des autres sports, une saison de baseball se joue sur une base quotidienne. Dans la Ligue Frontière, le lundi est une journée de congé mais les six autres jours de la semaine sont remplis, généralement en soirée (sauf le dimanche). Les déplacements de l’équipe sont planifiés en fonction de cette routine. Nous arrivons à Ottawa en début d’après-midi, directement à l’hôtel. Jérôme est le premier au comptoir d’accueil, il récupère les cartes d’accès aux chambres les distribue aux membres de l’équipe. Toutes les chambres sont partagées et les duos restent généralement les mêmes, bien qu’ils soient parfois ajustés en fonction des départs et des arrivées en cours de saison. Pour faciliter la cohabitation, les joueurs parlant la même langue (ça parle anglais, espagnol et français chez les Capitales) sont jumelés autant que possible.
Après l’installation à l’hôtel, les joueurs sont convoqués à l’entraînement de l’après-midi. Chaque stade a son propre horaire, bien affiché dans le vestiaire, pour assurer un entraînement sur le terrain aux deux équipes dans l’après-midi avant le match. Échauffement, exercices d’assouplissement, pratique au bâton, jeux de routine, le tout se déroule dans la simplicité et le plaisir. Fait étonnant, les joueurs de baseball ne font pas beaucoup d’exercices cardio-vasculaires. Lorsque le sujet des nombreux escaliers de la ville de Québec est abordé lors d’une conversation sur le terrain, certains joueurs m’avouent même être un peu gênés d’être essoufflés en les parcourant. Par contre, côté souplesse et agilité, ils pourraient en faire rougir plusieurs.
Le gérant convie aussi ses joueurs à un échange permettant à chacun de mieux connaître les lanceurs adverses, leurs forces et leurs faiblesses, les façons de déjouer tel ou tel frappeur, les choses à faire et à ne pas faire contre Ottawa. Ceux qui ont déjà joué avec ou contre les joueurs adverses y vont de leurs commentaires et de leurs conseils. Chaque détail peut faire une différence une fois le match débuté.
Après l’entraînement, tout le monde retourne au vestiaire pour manger un peu, profiter d’une période de repos et recevoir des bons soins de Jérôme et Gabriel. Certains vont prendre une douche après l’entraînement, d’autres vont simplement se changer pour enfiler leur uniforme avant le match. La chaleur est très présente en fin de semaine à Ottawa et l’air climatisé à l’intérieur du stade est le bienvenu. 25 minutes avant le début du match, les joueurs retournent sur le terrain pour un court échauffement avant le «Play Ball!» officiel.
Après la partie, les joueurs se retrouvent dans le vestiaire pour se changer, manger et échanger avant de retourner à l’hôtel. La même routine est reprise le samedi, alors que l’horaire du dimanche est allégé, étant donné la tenue du match en début d’après-midi.
L’épisode 4 vous raconte l’arrivée de Carlos Sano avec l’équipe et le niveau de préparation des joueurs.