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La Formule 1 est en pause jusqu’au 26 août, en plein milieu d’une saison captivante, entre autres grâce à la bataille sans merci que se livrent Verstappen et Hamilton. Avec 11 Grand Prix derrière nous et 11 autres qui se dérouleront d’ici au 12 décembre, prenons le temps de faire un bilan de mi-saison, en attendant que les bolides retrouvent les forêts de la Belgique autour du fabuleux circuit de Spa-Francorchamps.
Les pilotes qui ont déménagé ont eu un début de saison difficile
Débutons par les pilotes ayant changé d’écurie avant la saison 2021, soit Ricciardo (McLaren), Vettel (Aston Martin), Perez (Red Bull), Alonso (Alpine) et Sainz Jr (Ferrari). Tous ces pilotes, à l’exception de Carlos Sainz, ont eu beaucoup de difficultés à s’adapter à leurs nouvelles montures, pour différentes raisons. Fernando Alonso, après une absence de quelques années, a pris un peu de temps à reprendre ses aises dans un baquet F1, après avoir posé ses fesses dans des véhicules très différents ces dernières années. Sans compter que la Alpine a connu une naissance plus difficile, donnant aussi de la difficulté à Ocon, qui connaissait tout de même bien l’écurie. Alonso vieillit et a probablement perdu quelques centièmes de seconde au tour mais sa rage de vaincre et sa constance sur la piste lui ont permis de connaître un meilleur sort lors des dernières courses.
Ricciardo, considéré par plusieurs comme le meilleur des «autres» (je ne partage pas cette opinion), ne s’est pas encore adapté à la McLaren. Il faut dire que son coéquipier Lando Norris, qui connaît une superbe saison jusqu’à maintenant, lui fait beaucoup d’ombre et ne lui laisse pas beaucoup de place pour apprivoiser la bête orange. Ricciardo doit adapter son style de pilotage et on le verra sûrement plus rapide en deuxième moitié de saison. Perez a fait le même constat avec la Red Bull, qu’il a récemment décrit comme une voiture d’une toute autre catégorie que les autres F1 qu’il avait eu l’occasion de piloter jusqu’à maintenant. La voiture peut être très rapide mais ne l’est que dans une fenêtre très étroite qui se situe très près de la limite, cette dernière étant moins familière pour Perez. Il apparaît de plus en plus évident que c’est le style de pilotage plus «sauvage» et instinctif de Verstappen qui a dicté la conception de la Red Bull et Perez doit s’adapter. Il a connu de beaux moments, dont une victoire en Azerbaïdjan, mais aussi des sorties de piste gênantes, qui démontrent à quel point cette voiture est comme un animal de rodéo qu’il faut apprendre à contrôler.
Chez Aston Martin, Vettel a connu un début de saison très difficile, faisant dire à plusieurs (dont moi) qu’il devrait réfléchir à la fin de sa carrière au lieu de s’accrocher à ses 4 titres de champion du monde acquis avec une Red Bull quasi-imbattable. Mais son éthique de travail, ses efforts constants et son implication dans l’équipe ont fini par porter fruit et depuis quelques courses, il réussit à tirer le maximum d’une voiture qui n’est pas optimisée pour les règles aérodynamiques de la saison 2021. Pendant ce temps, Lance Stroll continue de faire du surplace, sans coup d’éclat. Enfin, Carlos Sainz Jr est probablement le seul pilote «déplacé» ayant pu tirer profit dès le départ de la saison de sa nouvelle monture. Avec Charles Leclerc comme coéquipier, on aurait pu s’attendre à ce que ce soit très difficile mais le retour de Ferrari dans la lutte à la 3e place a propulsé les deux pilotes dans une position leur permettant de se battre convenablement.
Le combat Verstappen-Hamilton est captivant
Hamilton a repris le sommet du classement à la faveur d’un Grand Prix de Hongrie complètement fou. Mais on peut vraiment affirmer que la surprise de la saison revient jusqu’à maintenant au fait que Red Bull et Verstappen ont finalement réussi à rejoindre Mercedes et Hamilton en terme de performance. Et ce, même si les deux voitures et les deux pilotes sont très différents, ce qui rend leur bataille encore plus captivante. Je l’ai mentionné un peu plus haut, la Red Bull semble être une voiture plus «sauvage», qui demande à être pilotée d’une façon très particulière pour libérer tout son potentiel. Lorsque Verstappen est dans sa «zone», le duo devient imbattable. L’agressivité en piste de Max, prêt à absolument tout pour passer devant, convient parfaitement à sa voiture, qui a été conçue pour lui. Chez Mercedes, on joue plutôt avec confiance, en vue d’une progression échelonnée sur plusieurs tours, sachant que Hamilton pourra piloter sans faille tour après tour, sans jamais décevoir. Au final, j’ai l’impression que la force mentale de Hamilton aura raison de la force de caractère du jeune Verstappen, probablement pour la dernière fois. Le flambeau est en train de changer de mains.
La constance et la rapidité de Norris surprennent
Rares sont ceux qui pensaient que le jeune Lando Norris réussirait à faire si bonne impression dans une McLaren. Pourtant, en milieu d’été, il s’inscrit comme la plus belle révélation de cette saison 2021. Il a d’ailleurs marqué des points à toutes les occasions, jusqu’au Grand Prix de Hongrie, alors qu’il a été impliqué dans les contacts du départ, bien malgré lui. Presque toujours dans le Top 5, montant même sur le podium à quelques reprises, il est au 3e rang du classement des pilotes, devant Bottas et Perez, qui bénéficient pourtant de montures beaucoup plus performantes que la sienne. Oui, la McLaren est une voiture améliorée. Mais si l’écurie peut maintenant se battre contre Ferrari au classement, c’est entre autres (et surtout) grâce à Norris, en attendant que Ricciardo réussisse à apprivoiser son bolide. Il ne fait pas particulièrement bonne figure en qualifications mais sa constance et sa vitesse en piste lui permettent de tirer le maximum de la McLaren à chaque fois. Et toujours en faisant très peu d’erreurs et en évitant les incidents. Ce jeune pilote n’en est pas à ses dernières présences en F1.
Le nouveau format de qualifications est une réussite
Le nouveau format de qualifications, qui offre une séance le vendredi après-midi et une course sprint le samedi, ne sera utilisé que trois fois cette saison. Et c’est très dommage puisque ça rend le weekend beaucoup plus intéressant. De plus, les nouvelles règles de gestion des pneus deviennent une belle occasion de voir des stratégies différentes dans chaque équipe, qui se répercutent éventuellement dans la course du dimanche et qui rendent les choses beaucoup plus excitantes. À mon avis, la course sprint du samedi (100 km) doit être simplement vue comme la première partie d’une plus longue course de 405 km, qui serait interrompue par un drapeau rouge prolongé. De surcroît, ce drapeau rouge offre un «mulligan» aux équipes en cas d’incident plus important. Contrairement à ce que plusieurs prévoyaient, les pilotes n’ont pas été trop prudents le samedi, l’esprit de compétition reprenant le dessus. Seul désavantage, c’est qu’avec les règles du parc fermé prolongé, les équipes qui font les mauvais choix de réglages le vendredi matin sont pénalisées pour toute la fin de semaine.
Le talent de Russell doit être utilisé ailleurs que chez Williams
La voiture de George Russell ne fait pas partie des meilleures de la grille, très loin de là. Malgré tout, le pilote britannique réussit toujours à devancer son équipier et se hisse maintenant régulièrement en Q2, et même parfois en Q3 (par la peau des dents). En course, sur une longue séquence, la voiture ne lui permet de garder une cadence aussi rapide mais son talent pur ressort à chaque occasion. Victime de quelques erreurs de jeunesse lors de ses premières saisons, il a beaucoup appris chez Williams et c’est maintenant le temps pour lui de pouvoir montrer son vrai potentiel dans une voiture plus performante. Est-ce qu’il pourra se poser dans une Mercedes avant la fin de la saison 2021? Ce serait surprenant, bien que souhaitable. Sinon, il semble de plus en plus acquis qu’en 2022, il pourra se frotter à la légende Hamilton dans une voiture de la même écurie.
Le futur de Bottas ne sera pas chez Mercedes
Bottas aura été un excellent coéquipier pour Hamilton chez Mercedes. Mais la supériorité de son partenaire est tellement évidente qu’elle aurait eu raison de la motivation de plusieurs pilotes. Bottas est un de ceux-là. Le coeur n’y est plus, le sourire est de plus en plus difficile à afficher et Bottas a aussi perdu la motivation de se battre pour le championnat alors que Verstappen (et même Norris) lui ont pris sa place de dauphin au classement. En 2022, il se retrouvera dans une écurie de milieu de grille pour retrouver le plaisir de piloter une F1 (un peu comme son compatriote Raikkonen) ou quittera la F1 pour aller piloter en rallye ou tout simplement aller profiter de la vie. La fin de saison sera difficile, j’ai presque pitié pour lui.
Voilà donc quelques réflexions à la mi-saison. Je répéterai l’exercice au moins de décembre, alors qu’on connaîtra le champion et que la majorité des pilotes auront été signés pour 2022. On saura alors si les conclusions seront les mêmes. Bon congé!
Christian Gingras