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Un premier test pour la course de qualification Sprint
Avec Wimbledon, la finale de l’Euro et l’Omnium britannique, la Grande-Bretagne vit un mois de juillet bien occupé. Le Grand Prix s’ajoute à cette belle liste, avec en prime une course de la W Series, série entièrement féminine dont les trois premières places au championnat sont occupées par des pilotes britanniques (Powell, Chadwick et Moore). Mais ce qui a surtout retenu l’attention des amateurs de course en fin de semaine, c’est la première course de qualifications Sprint qui s’est tenue samedi à Silverstone.
Les Britanniques se démarquent
On le sait, la F1 a instauré cette année un nouveau format de qualifications, qui sera utilisé à l’occasion de trois courses cette saison. Et c’est au circuit de Silverstone que revenait l’honneur de tester cette façon de faire pour la première fois. Pour résumer rapidement, le nouveau format a pour but de rendre le vendredi plus intéressant et d’ajouter une dose d’incertitude dans la grille de départ pour la course du dimanche, en ajoutant une course de type Sprint le samedi, afin d’offrir plus de spectacle aux spectateurs présents.
Les britanniques étant friands de course automobile depuis longtemps, il n’en fallait pas plus pour que les gradins et les zones d’accès générale soient bondés dès le vendredi. Il faut aussi dire qu’ils peuvent maintenant encourager trois de leurs compatriotes en piste, soit Lewis Hamilton, Lando Norris et George Russell. Et ce dernier a donné tout un spectacle dès la séance de qualifications du vendredi, celle qui se déroule sous le format «classique». En réussissant à se tailler une place dans le Top 10 pour la deuxième fois cette saison, avec une Williams qui devrait plutôt être éliminée dès la séance Q1, il a soulevé la foule et prouvé encore une fois qu’il mérite sa place dans une meilleure voiture le plus tôt possible.
Le deuxième pilote ayant fait réagir la foule a bien sûr été Lewis Hamilton. Alors que Red Bull et Verstappen semblent maintenant jouir d’une voiture plus efficace depuis plusieurs Grand Prix, Hamilton a été magistral en Q3 pour s’installer en pole position en vue de la course Sprint du samedi, avec un peu d’aspiration gracieuseté de Bottas, il faut le dire. Avec une 6e place, Norris n’a pas été en reste non plus. Le soleil étant aussi de la partie, chose plutôt rare à Silverstone, il n’en fallait pas plus pour que tout soit au beau fixe autour du circuit.
Verstappen revient à l’avant à la course Sprint
La course Sprint du samedi, une affaire d’environ 30 minutes avec 17 tours à faire, nous permettait d’anticiper une belle bataille en tête entre les deux meneurs au classement. Malheureusement pour nous, Verstappen s’est élancé comme une fusée à l’extinction des feux rouges et il n’a jamais été inquiété après le premier tour, pendant lequel Hamilton a tout tenté pour reprendre la tête. Par contre, derrière eux, Alonso a joué un grand coup en améliorant son sort de 4 places alors que Perez s’est retrouvé dans les garages après une sortie de piste. Russell a bien fait, terminant la course Sprint en 9e place, mais il a été rétrogradé 12e sur la grille de départ de la course principale à la suite d’une pénalité.
Le nouveau format a ses avantages
Au final, la course Sprint a donné un spectacle intéressant, où tout se passe en piste puisqu’une visite aux puits ne serait pas du tout avantageuse. C’est rapide et ça ajoute un degré additionnel de suspense pour la grille de départ de la course du dimanche. Cependant, puisque les réglages ne peuvent être modifiés entre les deux courses, on connaît également mieux les forces et les faiblesses de chaque voiture, avant même que la course ne débute, ce qui enlève un peu d’intérêt pour le dimanche.
Finalement, le nouveau format a complètement changé la donne du côté de l’utilisation des pneus. Alors qu’auparavant, les pneus utilisés en Q2 étaient ceux qui devaient être utilisés pour le départ de la course par les 10 premiers sur la grille de départ, c’est maintenant un choix complètement libre qui est offert aux écuries, autant pour la course Sprint que pour la course du dimanche. Et ce choix peut être fait quelques minutes avant le début de la course, selon le contexte du moment. Les possibilités de stratégies différentes deviennent un élément très intéressant du weekend de course.
Le départ de la course est animé
Dimanche, dès le départ de la course, Hamilton joue toutes ses cartes sans retenue, ne voulant absolument pas laisser aller Verstappen. Avec des trajectoires inédites à chaque virage, il pointe son museau à côté de la Red Bull à de multiples reprises, avant de prendre l’intérieur à Copse, un virage extrêmement rapide. En une fraction de seconde, la roue arrière droite de Verstappen touche la Mercedes et la Red Bull quitte la piste avant de s’enfoncer violemment dans le mur de pneus. La course est arrêtée après cet incident, le temps de reconstruire les protections et de sortir les débris de la voiture de Verstappen. Le pilote, sonné après un choc de 51G (on le serait à moins!), est tout de suite reconduit au centre médical du circuit, où il suit le protocole établi pour une commotion cérébrale.
Dans un virage comme celui-là, où aucun freinage ne survient, les marges de manœuvre sont inexistantes et Hamilton n’a pas l’avantage et doit donc laisser assez de place à son adversaire. Pour moi, faute à Hamilton, sans aucun doute. Son agressivité donne un bon spectacle mais elle ne doit pas déborder une certaine ligne. Au final, après discussion des commissaires, c’est une pénalité de 10 secondes qui est donnée à Hamilton, qui s’en sort assez bien dans les circonstances.
La course est relancée, Leclerc à l’avant
Leclerc ayant profité de l’incident du premier tour pour prendre la tête de la course, il s’élance avec beaucoup de conviction au départ de la «nouvelle» course et Hamilton ne peut rien faire pour passer devant. De toute façon, avec une pénalité de 10 secondes à encaisser, il doit tout simplement pousser sa voiture au maximum pour profiter de cette opportunité sans trop espérer prendre la première place. Norris, de son côté, continue d’étonner en s’installant au 3e rang devant le pauvre Bottas.
Au moment de la première fenêtre d’arrêts aux puits, Leclerc a des soucis avec la puissance de son moteur, problèmes qui sont rapidement réglés par une réinitialisation de certains paramètres au volant. Malgré tout, il réussit à conserver sa première place devant Hamilton. Derrière, la deuxième Ferrari, celle de Sainz, fait une très belle remontée et pointe au 3e rang. Malheureusement pour Norris, un problème dans les puits le relègue au 5e rang derrière Bottas.
C’est au 28e tour sur 52 que Hamilton fait son arrêt aux puits, ajoutant sa pénalité de 10 secondes. À la sortie des puits, il se place derrière son compatriote Lando Norris, au 4e rang, qu’il ne prend que quelques tours à dépasser. Sainz connaît à son tour un mauvais arrêt aux puits et ressort en 6e place, derrière la McLaren de Ricciardo. On retrouve donc pour la deuxième moitié de la course les Ferrari, Mercedes et McLaren qui constituent le Top 6.
Avec 12 tours à faire, Bottas laisse évidemment le chemin libre à son coéquipier pour la deuxième place. Avec plus de 8 secondes d’écart avec Leclerc, Hamilton peut espérer la victoire et enregistre les meilleurs tours mais le travail sera difficile alors que Leclerc a une bonne voiture qu’il peut pousser jusqu’à la fin.
Dans les derniers tours, l’écart entre les deux descend sous la seconde nécessaire pour l’utilisation du DRS. À trois tours de la fin, toujours dans le virage Copse, là où Hamilton a touché Verstappen au premier tour, le britannique se pointe encore à l’intérieur. Cette fois, Leclerc déborde à l’extérieur et laisse la place à Hamilton pour le dépassement ultime, celui de la victoire, sa 8e à Silverstone. Malgré la remontée spectaculaire dans l’adversité, cette victoire a tout de même un goût amer pour plusieurs amateurs, dont je suis. La force mentale de Hamilton ne laisse aucun doute mais cette trop grande agressivité dans le premier tour montre le côté plus sombre du pilote.
Silverstone est un point tournant ?
Au final, c’est une fin de semaine très peu payante pour Red Bull, alors que Perez ne réussit pas à se hisser dans le Top 10 pour marquer des points, après sa sortie de piste dans la course Sprint. Puisque Verstappen ne marque aucun point ce dimanche, Mercedes réduit l’écart de façon significative au championnat des constructeurs et Hamilton s’approche également de Verstappen au classement chez les pilotes. Christian Horner n’est pas heureux et le Grand Prix de Grande-Bretagne marque probablement un point tournant dans la lutte sans merci que se livrent les deux écuries en 2021.
Ailleurs sur la piste, Norris termine au 4e rang, grimpant ainsi au 3e rang du classement des pilotes, au terme d’une autre très belle prestation dans sa McLaren. Malheureusement pour George Russell, il termine au 12ème rang et ne parvient toujours pas à marquer ses premiers points en F1 chez Williams. Leclerc a tout donné jusqu’à la fin et sa deuxième place est une excellente performance pour Ferrari. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner que l’écurie Alpine marque des points avec ses deux voitures, un excellent résultat. Enfin, notre pilote canadien Lance Stroll termine au 8e rang au terme d’une fin de semaine très difficile pour lui, ce qui sera sûrement bon pour son moral.